Hypnose médicale Juin 2013




Quand l'hypnose devient une aide anesthésique. Claire Neilz, pour La Nouvelle République

Pour certaines interventions chirurgicales, l’hypnose est proposée aux patients à la place d’une anesthésie générale. Exemple à la Polyclinique de Blois.

 

Détendue et sereine, Florence s'apprête à entrer au bloc opératoire de la Polyclinique de Blois. A presque 43 ans, elle va se faire poser deux mini-implants (des petits ressorts) au niveau des trompes de Fallope, pour une stérilisation définitive. Habituellement, c'est sous anesthésie générale que se réalise cette intervention, qui dure d'ordinaire moins de 15 minutes. La patiente a opté pour l'hypnose, après en avoir discuté avec son médecin généraliste et son gynécologue.

«Diabétique insulinodépendant, je ne tenais pas à subir une anesthésie générale qui peut présenter des contraintes dans mon cas, confie-t-elle. Je suis tout à fait partante pour tester ce genre de technique qu'est l'hypnose. J'ai une totale confiance. J'ai eu deux séances de préparation avec le docteur Barberis, anesthésiste à la Polyclinique formé à l'hypnose.»

Alors qu'en salle d'opération tout est prêt, l'anesthésiste commence son travail avec sa patiente. En lui chuchotant à l'oreille, il l'aide à passer du stade de veille à la veille paradoxale qu'est la transe hypnotique. Pour cela, il dispose de plusieurs méthodes d'induction. Dans le cas de Florence, une focalisation visuelle sur la lumière lui a permis de fermer les yeux.

Ensuite, elle a fait le vide autour d'elle, chassé les mauvaises ondes et demandé à son cerveau de ne penser qu'à une seule chose pour se concentrer uniquement sur sa respiration. Par un simple décompte, le docteur Barberis est parvenu à la plonger plus profondément dans l'hypnose. « Cette dame est très réceptive à l'hypnose, reconnaît l'anesthésiste.

Juste un produit pour la détendre lui a été injecté. Rien d'autre ne lui a été administré. » Le docteur Galvin, gynécologue-obstétricien, peut intervenir. Bien préparée, Florence se débrouille quasiment seule. D'elle-même, elle contrôle son pouls, et parvient à le faire descendre dès que la sensation de douleur survient. L'anesthésiste a peu de choses à faire.

Elle est bien installée dans l'état d'hypnose. Il a repéré un signe qui ne trompe pas: « Son visage se met à rougir, signe que le cerveau travaille beaucoup pendant cette transe hypnotique avec un débit sanguin plus élevé ».

Tout d'un coup, un petit grain de sable vient perturber la patiente et l'intervention. Florence a une crampe au mollet droit. Immédiatement, on vient la soulager. Pour détendre ses muscles, un produit lui est injecté. L'incident clos, elle se replonge dans l'hypnose, le temps de terminer l'opération. « Bravo Madame », lance le gynécologue, après avoir posé les deux petits ressorts. En une poignée de secondes, l'anesthésiste la ramène à son état initial. « 

Je lui ai dit de ne pas garder de souvenirs de cette opération. » C'est sans nausées, ni effets indésirables qu'elle revient à elle. « Si c'était à refaire, je n'hésiterai pas à choisir à nouveau l'hypnose. J'ai ressenti de la douleur mais que j'ai pu atténuer grâce à la respiration, en convient la patiente. Prochaine étape: arrêter le tabac par l'hypnose. » Claire Neilz, pour La Nouvelle République


L'hypnose pour apaiser les victimes

Au ministère de l'Intérieur, l'expérience est considérée avec autant de bienveillance que de prudence.
"Regardez-moi fixement dans les yeux. Votre esprit s'évade, votre corps s'apaise!": pour soulager les victimes dans des situations traumatisantes, les pompiers du Bas-Rhin se forment à l'hypnose, une initiative unique en France, qui va faire l'objet d'une validation scientifique.


Au centre de secours de Haguenau, quelque 120 pompiers ont déjà acquis des bases des techniques hypnotiques, utilisables par exemple pour prendre en charge une personne incarcérée dans sa voiture accidentée, ou coincée sous des gravats, ou encore victime d'une crise d'asthme ou de spasmophilie.

"Ce sont des techniques verbales, gestuelles, respiratoires, qui visent à apaiser la douleur et l'anxiété, mais ne doivent évidemment pas se substituer aux gestes classiques du secourisme", explique Cécile Colas-Nguyen, sage-femme, officier-infirmier chez les pompiers du Bas-Rhin et formatrice en hypnose médicale.
Pendant qu'une équipe de pompiers s'affaire pour préparer une perfusion ou du matériel de désincarcération, le secouriste formé à l'hypnose s'efforce d'instaurer un contact privilégié avec la victime, puis de dévier son attention loin de la scène traumatisante qu'elle est en train de vivre. Attentif à son rythme respiratoire, il adopte une élocution apaisante, et veille à éviter tout vocabulaire négatif - il évoquera ainsi le "bien-être" de la personne plutôt que sa "douleur".

"Pendant que mes collègues s'occupent de votre sécurité, votre esprit va partir sur les pistes de ski, et votre corps va rester ici", suggère ainsi, lors d'un exercice de formation, un jeune pompier à une fausse accidentée qui vient de lui confier son attrait pour les sports de glisse.

Le chef du centre de secours de Haguenau, David Ernenwein, se déclare "convaincu" par la méthode. "Nous avons tous constaté que quand on prend la main des gens, ça se passe mieux, même si on ne mettait pas le mot +hypnose+ là-dessus. Le premier secours qui peut être apporté, c'est d'apaiser les victimes, et cette technique va nous donner des clefs pour ça, pour qu'elles souffrent moins", analyse-t-il.
Le Dr Yves Durrmann, médecin-chef des pompiers du Bas-Rhin, rêve désormais de voir l'expérience élargie à l'ensemble de la France.

Distorsion du temps

Pour cela, elle devra d'abord être validée scientifiquement: pendant au moins six mois, les pompiers de Haguenau vont consigner dans un registre certains paramètres médicaux des victimes qu'ils prennent en charge (comme leur fréquence cardiaque, leur niveau de douleur ou leurs signes émotionnels). Les résultats seront comparés avec ceux obtenus dans des cas similaires par les pompiers de Sélestat (Bas-Rhin), qui eux n'utilisent pas l'hypnose.

"Notre première évaluation laisse déjà entrevoir un bénéfice: dans 100% des cas, les personnes prises en charge évoquent une distorsion du temps, c'est-à-dire que l'intervention leur a semblé moins longue qu'en réalité", souligne Cécile Colas-Nguyen.

Au ministère de l'Intérieur, l'expérience est considérée avec autant de bienveillance que de prudence. "L'hypnose médicale, on sait depuis longtemps que ça marche, que ce n'est pas un placebo", observe le Dr Stéphane Donnadieu, médecin-pompier et conseiller du directeur général de la Sécurité civile.
"Seulement, il faut des gens bien formés. C'est là le défi: les secouristes ne peuvent recevoir qu'une courte formation. De toute façon on ne peut pas vraiment parler d'hypnose, il s'agit plutôt d'employer certaines techniques hypnotiques", explique ce responsable, qui juge que "si ça peut amener plus de calme, d'empathie, d'écoute, c'est déjà pas mal".

En outre, "il faudra voir si les pompiers arrivent à utiliser efficacement ces techniques d'apaisement dans des circonstances bruyantes et traumatisantes", souligne-t-il.
Sur ce point, la formatrice en hypnose est cependant formelle: "ce n'est pas un problème. On peut aider la victime à faire abstraction de ce qui se passe autour d'elle. Et le bip-bip des appareils médicaux peut même nous aider à fixer son attention pour mieux l'emmener ailleurs".


L'hypnose conversationnelle à la maternité - Centre Hospitalier du Mans

Le mot hypnose peut faire peur. On s'imagine plongé dans un sommeil profond par un hypnotiseur qui aurait alors tout pouvoir de nous faire faire ce qu'il veut. La réalité est bien loin de ce spectacle. Reportage de LMTV.

L'hypnose trouve naturellement sa place en obstétrique pour gérer la douleur. Elle permet plus de confort physique pour la maman et permet de dépasser certaines phobies comme celle des piqûres...

L'hypnose conversationnelle est une technique simple, naturelle, qui ne nécessite aucun matériel particulier. Elle permet par ailleurs de donner plus d'autonomie à la maman, de confiance, d'accès à des ressources parfois totalement ignorées.

L'hypnose conversationnelle est assurée par une infirmière anesthésiste, Gisèle Guittet.


Hypnose : soigner les maux par les mots. Dr Claude Virot

Invité par le Dr Bensallam, jeudi 27 juin, le Dr Claude Virot, président de la société internationale d’hypnose, animera une conférence sur cette technique. Entretien.

Vous animez une conférence sur l’hypnose, près d’Alençon, jeudi 27 juin. À qui s’adresse-t-elle ?

Ce sont d’abord les professionnels de santé qui souhaitent découvrir une technique pour aider leurs patients mais aussi pour être, eux-mêmes, plus confortables psychologiquement et physiquement. Plus les soignants sont disponibles, mieux leurs patients sont soignés. Cette conférence s’adresse aussi aux responsables des établissements de santé concernés par l’amélioration de la qualité des soins et concernés par l’amélioration de la santé individuelle des soignants. Enfin, le grand public sera accueilli pour découvrir comment une technique novatrice comme l’hypnose peut, aujourd’hui, participer à l’amélioration de leur santé en complémentarité avec les autres techniques et méthodes thérapeutiques qui sont disponibles.

Elle a pour thème : “De l’intérêt pour le patient au bénéfice pour le soignant”. Quels sont-ils justement ces intérêts et bénéfices ?

Les patients bénéficient d’une meilleure relation thérapeutique grâce à la communication hypnotique. Les soins deviennent plus confortables en particulier pour tous les gestes potentiellement douloureux. Et, comme une des bases fondamentales est l’activation des ressources naturelles, psychologiques et physiques, le patient retrouve toute sa place d’acteur dans le processus de soin. Et nous savons parfaitement aujourd’hui que l’implication du patient dans ses soins est un des moteurs permettant une meilleure évolution et une meilleure récupération. Les soignants en apprenant à mieux communiquer, à mieux impliquer le patient créent une qualité de relation thérapeutique très agréable au quotidien. C’est aussi très valorisant de recevoir à chaque fois le sourire de celui ou celle qui sent que le soignant fait plus que ce qui se fait d’habitude. Cette valorisation personnelle du patient est une des clés de la protection contre l’épuisement professionnel ou Burn-out. Ce n’est pas la seule. Nous savons aussi que chaque séquence hypnotique a un effet favorable sur la plasticité cérébrale, la souplesse du cerveau. Un troisième aspect concerne l’utilisation personnelle de l’auto-hypnose pour gérer les émotions, les tensions, contrôler un peu les rythmes biologiques perturbés par les cadences professionnelles.

Ces pratiques d’opération sous hypnose pour diminuer voire supprimer l’anesthésie générale relèvent d’une véritable révolution au sein du corps médical, non ? Comment parvenez-vous à la démocratiser de plus en plus dans les hôpitaux ?

Il n’y a presque rien à faire. Elle se démocratise pratiquement toute seule. Pour l’essentiel, ce sont des soignants qui ont été formés qui présentent les intérêts dans leurs établissements respectifs comme ici à Alençon avec le Dr Bensallam. De nombreux hôpitaux et établissements de santé comprennent très vite tous les bénéfices que nous avons déjà évoqués. Et, la plupart des hôpitaux qui ont formé une partie de leur équipe demandent ensuite à continuer. Ceci dit, des conférences comme celle-ci sont précieuses pour faire connaître quelques bases et surtout pour rencontrer les acteurs essentiels d’une ville où d’un secteur géographique.

L’hypnose que vous dispensez n’a rien de spectaculaire : pas de pendule, pas de suspension de corps dans l’air. Juste des mots pour une plongée du patient vers des souvenirs confortables. Soulager les maux par les mots, c’est donc possible ?

Oui, et curieusement, c’est même plus facile qu’on ne le pense généralement. Il y a beaucoup de technique bien sûr mais la pratique habituelle permet rapidement de la maîtriser.” Quel processus s’enclenche chez le patient : c’est le cerveau qui déconnecte du corps ? “Non. C’est, au contraire, une partie du cerveau qui communique mieux avec le corps pour activer les processus de protection. De plus, rappelons-nous que le cerveau est une partie du corps !

Peut-on recourir à l’hypnose pour d’autres causes comme la gestion du stress au quotidien, la tabagie, etc. ?

Oui, si l’hypnose sera, ici, abordée surtout dans le domaine de la douleur aiguë, elle a de multiples indications. Par exemple, les douleurs chroniques, les perturbations émotionnelles, les troubles anxieux et dépressifs, et bien sûr les dépendances. Ceci dit, les possibilités thérapeutiques dépendent surtout du professionnel qui utilise l’hypnose. En effet, l’hypnose ne peut être pratiquée que dans son propre champ de compétence naturel. Une sage-femme ne devient pas psychologue parce qu’elle connaît l’hypnose…

À l’image du yoga ou de la sophrologie, peut-on la pratiquer seul ?

Oui, chacun peut apprendre les techniques d’auto-hypnose qui sont ensuite pratiquées lorsque c’est utile. L’auto-hypnose peut aider beaucoup lorsque nous ressentons une perturbation émotionnelle, une douleur, ou pour anticiper un examen médical, une intervention, un accouchement…

L’hypnose serait-elle la solution à tous les maux alors ?

Non, sûrement pas. L’hypnose s’inscrit comme une aide efficace et relativement facile à intégrer en complémentarité avec les autres outils thérapeutiques. Nous aborderons, dans la conférence, le champ des possibilités mais aussi les limites.

Recueilli par Karina PUJEOLLE
•”L’hypnose médicale aujourd’hui : de l’intérêt pour le patient au bénéfice pour le soignant. Prévention du burn-out”. Conférence à l’initiative du Dr Kamal Bensallam et du Centre hospitalier intercommunal (Chic) Alençon-Mamers par le Dr Claude Virot, médecin psychiatre, président de la société internationale d’hypnose, jeudi 27 juin à 19 h, salle de la Prairie à Saint-Germain-du-Corbéis.


A l'hôpital, l'anesthésiste pratique l'hypnose - Alençon

Le Dr Kamal Bensallam a découvert l'intérêt de l'hypnose médicale pour le traitement de la douleur dès 1990.

Le Dr Bensallam pratique environ 500 anesthésies par an dont 30 à 40 par hypnose médicale. Une conférence sur ce sujet est organisée jeudi à Saint-Germain-du-Corbéis.

Entretien
Avec le Dr Kamal Bensallam, 59 ans, médecin anesthésiste de formation au centre hospitalier d'Alençon - Mamers. Auparavant, il a exercé au CHU de Caen en réanimation, puis en anesthésie.

Qu'est-ce qui vous a amené à vous intéresser à l'hypnose médicale ?
J'ai découvert la technique de l'hypnose médicale alors que j'exerçais au CHU de Caen, dès 1990. Elle était pratiquée à Liège par le Dr Marie-Elizabeth Faymonville, devenue une référence internationale. Mon passage au service de réanimation m'a amené à m'intéresser au traitement de la douleur.

Quelles sont les indications pour l'hypnose médicale ?
L'anesthésie classique est médicamenteuse. Certains patients ne peuvent supporter ce traitement à cause d'allergies, d'insuffisances cardiaques... L'hypnose peut être utilisée pour les endoscopies, coloscopies, calculs des reins, de la vessie, hernies et maintenant pour certaines opérations lourdes de chirurgie.

Comment se déroule une hypnose médicale ?
Des entretiens, avant l'intervention, permettent d'établir un climat de confiance. Il s'agit de focaliser la conscience du patient sur un souvenir heureux, comme un mariage, une fête... Ensuite, nous nous mettons d'accord sur le « signaling » : des signes avec les doigts pour répondre à mes questions pendant l'opération. Lors de l'opération, je focalise l'attention du patient sur le souvenir heureux, par la parole, le rythme de ma voix, la respiration, pour créer la sensation de bonheur, une forme de catalepsie. Après l'opération, il y a une reprise de conscience des bruits, de la lumière, des odeurs, par suggestion post-hypnotique. Le patient est souvent surpris de sortir sa « bulle » de bien-être.

Quels sont les avantages de l'hypnose médicale ?
D'abord la relation de confiance, patient-anesthésiste-chirurgien. Dans l'anesthésie classique, le patient est passif. Aavec l'hypnose, acteur, il participe positivement à l'opération. La douleur est atténuée, il n'y a pas de manifestations médicamenteuses, nausées... La récupération est plus rapide et l'hospitalisation raccourcie.

Jeudi 27 juin, à 19 h, salle de la Prairie, à Saint-Germain-du-Corbéis, conférence avec le Dr Claude Virot, président de la société internationale d'hypnose, invité par le Dr Bensallam et le centre hospitalier d'Alençon-Mamers, sur le thème « De l'intérêt pour le patient au bénéfice pour le soignant ». Ouvert à tous : professionnels, particuliers... 


Rédigé le 18/06/2013 à 23:57 | Lu 746 fois modifié le 06/07/2016

Ostéopathe DO et Hypnothérapeute à Paris. Pratique centrée sur les troubles de l'infertilité et… En savoir plus sur cet auteur