La cohérence voudrait qu’une page blanche soit la suite. Point à la ligne. Or, nous savons que les lignes attirent les mots, surtout les lignes blanches.
Souvent nous recevons des patients avec le « problème de la page blanche ». Prenez du papier bleu ! – peut être la première injonction. Et si le patient est daltonien ? Grisez le papier ! Dans la majorité des cas, tout cela n’a pas grand effet. Le patient reste avec sa page blanche.
Cherchez l’erreur ! Elle est dans la conviction du patient qui pense que c’est lui, sa tête, qui doit trouver les mots à écrire, alors qu’il suffit de laisser la ligne blanche attirer à elle la plume, laisser glisser cette dernière telle la savonnette dans la baignoire et admirer les lettres qui se forment et commencent à danser sous nos yeux. Essayez, tout en faisant attention de ne pas glisser dans la baignoire.
La savonnette glisse, un premier rond, la lettre « o », oh ! surprise ! La savonnette poursuit sa glisse, un trait en zigzag, la lettre « z », « oz « ?
Déjà la pensée suggère d’arrêter ce petit jeu tout à fait inutile. Heureusement que le corps n’arrête pas sa créativité et relance la savonnette, un deuxième « o ». Quoi en faire sinon l’ajouter ? « ozo ». Et maintenant ?
« Ozo », « ozo »... ozerais-je ? Ozeraisje oziller jusqu’à Ozaka ? Faut pas pousser le bouchon. Je renonce. Un bon coup de pied à « ozo » et... voilà que les lettres, ainsi bousculées, fuient, reviennent, sautillent, se posent : « zoo » ! Extraordinaire !
Une fois de plus le corps a devancé la pensée. Un zoo est un fond sans fin, plein d’animaux de toute sorte, de quoi laisser la fantaisie rivaliser de créativité, d’inventivité avec l’imagination. Rien qu’avec le mot « zoo », vous trouvez zootechnique et vous voici transformé en curieux du bétail, de son élevage, son alimentation, son hygiène. Mieux et plus proche de nos préoccupations quotidiennes : zoothérapie. Vous vous voyez déjà vétérinaire, le forceps à la main pour aider la vache à accoucher son veau, la sarbacane à la bouche pour endormir le lion, le mini-ophtalmoscope près de votre pupille pour voir le fond d’oeil d’un canari diabétique.
Pas du tout, vous êtes à côté de la plaque. Notez que si vous avez des plaques électriques, il vaut mieux rester à côté. A part cet aparté, zoothérapie vous amène à faire vos interventions thérapeutiques assisté par un animal. Ma curiosité m’a poussé à frapper à la porte numérique de l’Association suisse de zoothérapie (www.zootherapiesuisse.ch) et j’y ai découvert un vrai zoo domestique : chien, chat, lapin, cochon d’Inde, chinchilla, tourterelle, cheval, cochon vietnamien, chèvre, âne et même reptiles, tortues, poissons. Dès que j’ai vu âne, je me suis senti déjà moins à côté de la plaque, bien davantage, je me suis senti tout à fait dans mon assiette. Vous voyez, entre plaque et assiette nous sommes toujours à la cuisine.
Le fin lecteur aura remarqué une contradiction : un zoo est un fond sans fin – c’est écrit plus haut. Or, tout a une fin, dit le titre, donc le fond autant que le zoo ont une fin.
Fin de chapitre.
Et maintenant ?
C’est midi. Tout a une faim. Mes doigts viennent de fourcher sur le clavier.
Incroyable ! Encore le corps, cette fois ce sont les doigts qui ont fourché. Fourché ? Tu parles ! Ou, si vous préférez, mon oeil !
« Faim » et « « fin », ces mots qui pour un malvoyant sont pareils, ne le seraient-ils pas aussi pour les bien-voyants ?
Voyons ! Fin : est un mot qui nous évoque la fin de quelque chose, d’une histoire, d’une activité, d’un chemin. A première vue, il nous paraît être de l’ordre du statique, tel un rocher posé au milieu d’une plaine. Il est là. Point.
Vrai ? Peut-être.... Pour lire la suite...
Souvent nous recevons des patients avec le « problème de la page blanche ». Prenez du papier bleu ! – peut être la première injonction. Et si le patient est daltonien ? Grisez le papier ! Dans la majorité des cas, tout cela n’a pas grand effet. Le patient reste avec sa page blanche.
Cherchez l’erreur ! Elle est dans la conviction du patient qui pense que c’est lui, sa tête, qui doit trouver les mots à écrire, alors qu’il suffit de laisser la ligne blanche attirer à elle la plume, laisser glisser cette dernière telle la savonnette dans la baignoire et admirer les lettres qui se forment et commencent à danser sous nos yeux. Essayez, tout en faisant attention de ne pas glisser dans la baignoire.
La savonnette glisse, un premier rond, la lettre « o », oh ! surprise ! La savonnette poursuit sa glisse, un trait en zigzag, la lettre « z », « oz « ?
Déjà la pensée suggère d’arrêter ce petit jeu tout à fait inutile. Heureusement que le corps n’arrête pas sa créativité et relance la savonnette, un deuxième « o ». Quoi en faire sinon l’ajouter ? « ozo ». Et maintenant ?
« Ozo », « ozo »... ozerais-je ? Ozeraisje oziller jusqu’à Ozaka ? Faut pas pousser le bouchon. Je renonce. Un bon coup de pied à « ozo » et... voilà que les lettres, ainsi bousculées, fuient, reviennent, sautillent, se posent : « zoo » ! Extraordinaire !
Une fois de plus le corps a devancé la pensée. Un zoo est un fond sans fin, plein d’animaux de toute sorte, de quoi laisser la fantaisie rivaliser de créativité, d’inventivité avec l’imagination. Rien qu’avec le mot « zoo », vous trouvez zootechnique et vous voici transformé en curieux du bétail, de son élevage, son alimentation, son hygiène. Mieux et plus proche de nos préoccupations quotidiennes : zoothérapie. Vous vous voyez déjà vétérinaire, le forceps à la main pour aider la vache à accoucher son veau, la sarbacane à la bouche pour endormir le lion, le mini-ophtalmoscope près de votre pupille pour voir le fond d’oeil d’un canari diabétique.
Pas du tout, vous êtes à côté de la plaque. Notez que si vous avez des plaques électriques, il vaut mieux rester à côté. A part cet aparté, zoothérapie vous amène à faire vos interventions thérapeutiques assisté par un animal. Ma curiosité m’a poussé à frapper à la porte numérique de l’Association suisse de zoothérapie (www.zootherapiesuisse.ch) et j’y ai découvert un vrai zoo domestique : chien, chat, lapin, cochon d’Inde, chinchilla, tourterelle, cheval, cochon vietnamien, chèvre, âne et même reptiles, tortues, poissons. Dès que j’ai vu âne, je me suis senti déjà moins à côté de la plaque, bien davantage, je me suis senti tout à fait dans mon assiette. Vous voyez, entre plaque et assiette nous sommes toujours à la cuisine.
Le fin lecteur aura remarqué une contradiction : un zoo est un fond sans fin – c’est écrit plus haut. Or, tout a une fin, dit le titre, donc le fond autant que le zoo ont une fin.
Fin de chapitre.
Et maintenant ?
C’est midi. Tout a une faim. Mes doigts viennent de fourcher sur le clavier.
Incroyable ! Encore le corps, cette fois ce sont les doigts qui ont fourché. Fourché ? Tu parles ! Ou, si vous préférez, mon oeil !
« Faim » et « « fin », ces mots qui pour un malvoyant sont pareils, ne le seraient-ils pas aussi pour les bien-voyants ?
Voyons ! Fin : est un mot qui nous évoque la fin de quelque chose, d’une histoire, d’une activité, d’un chemin. A première vue, il nous paraît être de l’ordre du statique, tel un rocher posé au milieu d’une plaine. Il est là. Point.
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Dr STEFANO COLOMBO Médecin psychiatre, psychologue diplômé con sultant à la Faculté de Médecine de Genève (enseignement et supervision). Enseigne l’hypnose éricksonienne et la thérapie cognitive en France, Belgique, Suisse et Italie. Conférencier.
Dr MOHAND CHÉRIF SI AHMED (alias Muhuc). Psychiatre en libéral à Rennes. Formation en hypnose et thérapies brèves. Pratique des thérapies à médiations artistiques. Utilise particulièrement le dessin humoristique de situation en thérapie (pictodrame humoristique). Illustrateur et intervenant par le dessin d’humour lors de rencontres et congrès médicaux.
Revue Hypnose & Thérapies brèves n°57 version Papier
Achat du numéro 57 de la revue Hypnose & Thérapies Brèves en version papier
Prix TTC, frais de livraison compris pour la France métropolitaine.
Les frais de port seront ajustés automatiquement au cours de la commande pour tout achat hors France métropolitaine.
Lorsque la Version papier de ce numéro sera épuisée, la version PDF sera fournie à la place
N°57 Mai/Juin/Juillet 2020
- ÉDITORIAL : « Trouver une certaine sacralité de l’autre, humain et non-humain. » Aurélien Barrau. S. COHEN
- LA « BROSSOSPHÈRE ». G. BROSSEAU et A. FORTIN
- THÉRAPIES BRÈVES. W. MARTINEAU
- QI GONG ET HYPNOSE M. SÉJOURNÉ
- MÉDITATION ET HYPNOSE O. DE PALÉZIEUX
ESPACE : DOULEUR DOUCEUR
- Éditorial. H. BENSOUSSAN
- Adolescent mutique. S. COPEAU
- La lévitation en douleur chronique. A. BOUZINAC
DOSSIER : SE SENTIR VIDE
- Éditorial. D. VERGRIETE
- Vide, phobie et transe ordinaire J. BETBÈZE
- Creuser le vide S. LE PELLETIER-BEAUFOND
- Les vides. D. MEGGLÉ
- Vide et addictions. D. VERGRIETE
- QUI PROQUO, MALENTENDU ET. . .« Tout a une fin ! » S. COLOMBO, MUHUC
- Couvade en pays Dendi. C. LELOUTRE-GUIBERT
- Les Grands Entretiens: Elvira Lang. G. FITOUSSI
Livres en Bouche: H. BENSOUSSAN, C. GUILLOUX, L. BILLY, S. COHEN
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N°57 Mai/Juin/Juillet 2020
- ÉDITORIAL : « Trouver une certaine sacralité de l’autre, humain et non-humain. » Aurélien Barrau. S. COHEN
- LA « BROSSOSPHÈRE ». G. BROSSEAU et A. FORTIN
- THÉRAPIES BRÈVES. W. MARTINEAU
- QI GONG ET HYPNOSE M. SÉJOURNÉ
- MÉDITATION ET HYPNOSE O. DE PALÉZIEUX
ESPACE : DOULEUR DOUCEUR
- Éditorial. H. BENSOUSSAN
- Adolescent mutique. S. COPEAU
- La lévitation en douleur chronique. A. BOUZINAC
DOSSIER : SE SENTIR VIDE
- Éditorial. D. VERGRIETE
- Vide, phobie et transe ordinaire J. BETBÈZE
- Creuser le vide S. LE PELLETIER-BEAUFOND
- Les vides. D. MEGGLÉ
- Vide et addictions. D. VERGRIETE
- QUI PROQUO, MALENTENDU ET. . .« Tout a une fin ! » S. COLOMBO, MUHUC
- Couvade en pays Dendi. C. LELOUTRE-GUIBERT
- Les Grands Entretiens: Elvira Lang. G. FITOUSSI
Livres en Bouche: H. BENSOUSSAN, C. GUILLOUX, L. BILLY, S. COHEN