Ernest L. Rossi nous a quittés le 19 septembre 2020 en nous laissant un immense héritage. Il est celui qui savait poser les questions à Milton Erickson, pour lui faire préciser sa pensée, décrypter ses intuitions et sa créativité. Il nous a fait comprendre que l’hypnose thérapeutique passe par la qualité de l’accompagnement de l’autre, dans un processus actif d’auto-hypnose, dans lequel le thérapeute doit surtout être attentif à ce qu’il observe, ce qui l’autorise à être économe en paroles.
Lorsque je l’ai rencontré pour la première fois en 1992 à Paris, il présentait la technique de safe fail induction, technique miracle qui rendait possible un travail coopératif, même avec des patients très contrôlants. Par ailleurs, son intérêt pour l’idéomotricité comme mode d’entrée dans la transe a véritablement été une avancée technique, permettant de rejoindre les patients au plus près de leur expérience dissociative. Comme nous l’indique Dominique Megglé, le point le plus important de l’approche d’Ernest Rossi a été de comprendre que l’hypnose thérapeutique n’est pas l’hypnosuggestion du XIXe siècle mais un processus de libre créativité au sein de la relation thérapeutique. « L’idée importante est qu’il est impossible d’attendre du psychothérapeute qu’il sache exactement quoi suggérer, programmer ou prédire pour le bien de son patient. Le rôle du thérapeute est d’amener les patients à vivre à l’intérieur d’eux-mêmes des expériences idéodynamiques véritablement créatives qui leur permettent de se rendre compte de l’évolution naturelle (de nature affective), mais essentiellement imprévisible, de leur propre conscience et de leur comportement » (Du symptôme à la lumière, Satas, 1996, p. 73).
Une anecdote rend compte de son caractère généreux et de sa gentillesse : à Cannes en 2002, je rentrais du restaurant avec Teresa García-Sánchez (présidente de l’IMHE Madrid) lorsque, devant l’hôtel, elle s’est fait dérober tout son argent et ses papiers : nous avons alors croisé Ernest Rossi qui, écoutant le récit de l’agression, a spontanément proposé à Teresa de lui prêter de l’argent pour qu’elle puisse rentrer en Espagne.
Dans cet hommage, Claude Virot témoigne de « l’expérience numineuse » qui a fondé sa relation avec Ernest Rossi, ce « géant du monde de l’hypnose ». Il sou- ligne sa curiosité et son intelligence pour intégrer les apports des modélisations scientifiques (théorie du chaos, neurobiologie, physique quantique) à la compréhension des processus de changement en psychothérapie. Wilfrid Martineau souligne l’éthique relationnelle comme caractéristique du travail de Rossi. Il montre comment l’utilisation des questions peut induire une transe de coopération, et nous décrit avec précision la technique d’accompagnement par la polarité des mains. Nous comprenons, ainsi que Stefano Colombo et Muhuc nous le rappellent, combien sa créativité a été pour nous une illumination.
Gérard Fitoussi nous fait découvrir Mark Philip Jensen, au centre de la recherche actuelle sur la douleur et l’hypnose aux Etats-Unis. Nous retrouvons la créativité dans la culture soufi décrite par Sylvie Le Pelletier. Ne manquez pas la rubrique d’Adrian Chaboche qui illustre comment la créativité peut être utilisée dans les troubles du comportement alimentaire. Bogdan Pavlovici nous invite avec humour dans une séance de théra- pie familiale. Nathalie Koralnik nous donne des indications pertinentes et précises pour affronter la peur du vide. Et Nicolas D’Inca nous fait respirer le bleu pour donner forme à la créativité de la vie que nous a transmise Ernest Rossi.
Nos pensées vont également à Mony Elkaïm, décédé le 20 novembre 2020, théoricien hors pair de la thérapie familiale, qui a donné toute sa place aux thérapies brèves. Ses qualités humaines et de thérapeute continueront à résonner avec celles d’Ernest Rossi pour nourrir notre créativité.
Pour lire la suite de l’article et commander la Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°60
Lorsque je l’ai rencontré pour la première fois en 1992 à Paris, il présentait la technique de safe fail induction, technique miracle qui rendait possible un travail coopératif, même avec des patients très contrôlants. Par ailleurs, son intérêt pour l’idéomotricité comme mode d’entrée dans la transe a véritablement été une avancée technique, permettant de rejoindre les patients au plus près de leur expérience dissociative. Comme nous l’indique Dominique Megglé, le point le plus important de l’approche d’Ernest Rossi a été de comprendre que l’hypnose thérapeutique n’est pas l’hypnosuggestion du XIXe siècle mais un processus de libre créativité au sein de la relation thérapeutique. « L’idée importante est qu’il est impossible d’attendre du psychothérapeute qu’il sache exactement quoi suggérer, programmer ou prédire pour le bien de son patient. Le rôle du thérapeute est d’amener les patients à vivre à l’intérieur d’eux-mêmes des expériences idéodynamiques véritablement créatives qui leur permettent de se rendre compte de l’évolution naturelle (de nature affective), mais essentiellement imprévisible, de leur propre conscience et de leur comportement » (Du symptôme à la lumière, Satas, 1996, p. 73).
Une anecdote rend compte de son caractère généreux et de sa gentillesse : à Cannes en 2002, je rentrais du restaurant avec Teresa García-Sánchez (présidente de l’IMHE Madrid) lorsque, devant l’hôtel, elle s’est fait dérober tout son argent et ses papiers : nous avons alors croisé Ernest Rossi qui, écoutant le récit de l’agression, a spontanément proposé à Teresa de lui prêter de l’argent pour qu’elle puisse rentrer en Espagne.
Dans cet hommage, Claude Virot témoigne de « l’expérience numineuse » qui a fondé sa relation avec Ernest Rossi, ce « géant du monde de l’hypnose ». Il sou- ligne sa curiosité et son intelligence pour intégrer les apports des modélisations scientifiques (théorie du chaos, neurobiologie, physique quantique) à la compréhension des processus de changement en psychothérapie. Wilfrid Martineau souligne l’éthique relationnelle comme caractéristique du travail de Rossi. Il montre comment l’utilisation des questions peut induire une transe de coopération, et nous décrit avec précision la technique d’accompagnement par la polarité des mains. Nous comprenons, ainsi que Stefano Colombo et Muhuc nous le rappellent, combien sa créativité a été pour nous une illumination.
Gérard Fitoussi nous fait découvrir Mark Philip Jensen, au centre de la recherche actuelle sur la douleur et l’hypnose aux Etats-Unis. Nous retrouvons la créativité dans la culture soufi décrite par Sylvie Le Pelletier. Ne manquez pas la rubrique d’Adrian Chaboche qui illustre comment la créativité peut être utilisée dans les troubles du comportement alimentaire. Bogdan Pavlovici nous invite avec humour dans une séance de théra- pie familiale. Nathalie Koralnik nous donne des indications pertinentes et précises pour affronter la peur du vide. Et Nicolas D’Inca nous fait respirer le bleu pour donner forme à la créativité de la vie que nous a transmise Ernest Rossi.
Nos pensées vont également à Mony Elkaïm, décédé le 20 novembre 2020, théoricien hors pair de la thérapie familiale, qui a donné toute sa place aux thérapies brèves. Ses qualités humaines et de thérapeute continueront à résonner avec celles d’Ernest Rossi pour nourrir notre créativité.
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Dr Julien BETBEZE
Rédacteur en chef de la revue « Hypnose & Thérapies brèves ». Pédopsychiatre et psychiatre adultes, chef de service de l’Accueil familial thérapeutique de Loire-Atlantique de 1998 à 2018. Chargé de cours à la Faculté de médecine de Nantes (DU Addictions, DU Hypnose, DU Douleur) et au sein des Instituts de la CFHTB. Responsable pédagogique et formateur en hypnose, thérapies stratégiques, solutionnistes et narratives à l’Arepta-IMHENA (Institut Milton H. Erickson Nantes).
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Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°60
Février Mars Avril 2021
Dossier : Les techniques de Rossi
Edito : Ernest L. Rossi, celui qui savait poser les questions à Milton Erickson. Julien Betbèze, rédacteur en chef
- Papa, maman, le psy et moi. Comprendre le travail transgénérationnel. Bogdan Pavlovici nous invite avec humour à une séance de thérapie familiale
Peur du vide. Quatre situations cliniques. Nathalie Koralnik utilise l’approche de Palo Alto et nous donne des stratégies précises pour affronter la peur du vide.
- La poésie, une alliée hypnotique. Pour se séparer de ce qui nous fait souffrir. Nicolas d’Inca
Espace Douleur Douceur
Edito : Douleur ou souffrance ? Gérard Ostermann
L’attente, une infusion dans le temps : Isabelle Devouge et Marc Galy
- Soulager la douleur en réparant le passé. Philippe Rayet fait le récit d’une histoire clinique mettant en scène la puissance de l’imagination active
- Quand tout bascule. Luc Evers, passé brutalement du statut de thérapeute à celui de patient témoigne de son expérience et de son utilisation de l’autohypnose avant, pendant et après son opération
Dossier : hommage à Ernest Rossi
Un chercheur en action. Dominique Megglé
- Un génie avec beaucoup de lumières. Claude Virot
- L’art de l’induction de transe et de l’accompagnement dans le processus hypnotique par le questionnement. Wilfrid Martineau
Rubriques
Quiproquo, malentendu et incommunicabilité. « Illumination ». Stefano Colombo
- Les champs du possible. Je ne parle plus l’hypnose. Les troubles du comportement alimentaire et les mots. Adrian Chaboche
Culture monde. Expérience visionnaire d’un soufi. Sylvie Le Pelletier
Les grands entretiens. Mark P. Jensen, soulager les patients de leurs douleurs chroniques. Par Gérard Fitoussi
- Livres en bouche
Février Mars Avril 2021
Dossier : Les techniques de Rossi
Edito : Ernest L. Rossi, celui qui savait poser les questions à Milton Erickson. Julien Betbèze, rédacteur en chef
- Papa, maman, le psy et moi. Comprendre le travail transgénérationnel. Bogdan Pavlovici nous invite avec humour à une séance de thérapie familiale
Peur du vide. Quatre situations cliniques. Nathalie Koralnik utilise l’approche de Palo Alto et nous donne des stratégies précises pour affronter la peur du vide.
- La poésie, une alliée hypnotique. Pour se séparer de ce qui nous fait souffrir. Nicolas d’Inca
Espace Douleur Douceur
Edito : Douleur ou souffrance ? Gérard Ostermann
L’attente, une infusion dans le temps : Isabelle Devouge et Marc Galy
- Soulager la douleur en réparant le passé. Philippe Rayet fait le récit d’une histoire clinique mettant en scène la puissance de l’imagination active
- Quand tout bascule. Luc Evers, passé brutalement du statut de thérapeute à celui de patient témoigne de son expérience et de son utilisation de l’autohypnose avant, pendant et après son opération
Dossier : hommage à Ernest Rossi
Un chercheur en action. Dominique Megglé
- Un génie avec beaucoup de lumières. Claude Virot
- L’art de l’induction de transe et de l’accompagnement dans le processus hypnotique par le questionnement. Wilfrid Martineau
Rubriques
Quiproquo, malentendu et incommunicabilité. « Illumination ». Stefano Colombo
- Les champs du possible. Je ne parle plus l’hypnose. Les troubles du comportement alimentaire et les mots. Adrian Chaboche
Culture monde. Expérience visionnaire d’un soufi. Sylvie Le Pelletier
Les grands entretiens. Mark P. Jensen, soulager les patients de leurs douleurs chroniques. Par Gérard Fitoussi
- Livres en bouche